Yeux,
2013-2016, branches d'arbre de dimensions variables,
photographies 60x40cm
Il faut des heures pour parvenir à
enchâsser les yeux de verre dans le bois, creuser dans
l'épaisseur de l'écorce, trouver la profondeur exacte pour
qu'au printemps la branche ne rejette pas les greffes mais les
accepte et close, saison après saison, des paupières végétales
sur les yeux de chats, de loups ou de renards. C'est dans les
forêts d'Ile de France et du Centre, des hêtres, charmes,
platanes, robiniers, châtaigniers, saules (chaque essence
réagit différemment) ; les branches sont suffisamment hautes
pour n'être pas facilement accessibles, les yeux tournés vers
le ciel pour ne pas attirer d'autres regards que ceux,
curieux, des oiseaux et des écureuils. La nature travaille
seule, un an, deux ans, trois ans... Les yeux vont disparaître
peu à peu dans la branche et seul un cercle d'écorce rugueux
gardera la mémoire de tous ces regards engloutis. Resteront
quelques photos et, parfois (sacrilège !) une branche coupée,
reliques de ces moments de grâce que j'ai passés dans les
hauteurs, bercé par le vent, somnolant, collé au tronc comme à
sa mère un enfant.
Eyes ,
2013-2016, tree branches of various sizes, photos 60x40
cm
Countless hours are necessary to inlay
the glass eyes into the wood, to dig into the thick bark,
find the exact deepness so that in the spring time the
branch doesn't reject the transplants but on the contrary
accept them and, season after season, close vegetal eye-lids
upon the eyes of cats, wolves or foxes. This process takes
place in the forests around Paris and the centre of France
on beeches, horn-beams, plane-trees, robinias,
chestnut-trees, willows (each species reacts in its own
way) ; the branches are high enough not to be easily
reached, the eyes turned toward the sky to avoid catching
other inquisition looks besides those of birds' and
squirrels'. Nature works at its own pace, one year, two
years, three years. The eyes will gradually disappear into
the branch and nothing but a harsh circle of bark will keep
the memory of all these swallowed looks. A few photos will
remain and sometimes (sacrilege !) a severed branch,
relics of the moments of happiness I spent in the heights,
lulled by the wind, drowsy embracing the trunk like a child
his mother.